Sous le régime militaire du général Suharto (1967-’98), les artistes du pays se servaient de la rue, de leur corps et de leur expérience pour exprimer leur opinion politique. L’art de la performance est devenu l’activité artistico-activiste par excellence, parce qu’il pouvait s’exprimer partout, exigeait peu de moyens et n’avait pas de lien avec un média ou une notion de temps. Après la démocratisation, les artistes ont continué à développer des performances pour démontrer à quel point l’art actuel peut casser les structures d’un pouvoir colonial et pour étudier les nouvelles réalités sociales et artistiques. L’Indonésie connaît encore toujours une scène de la performance très vivante qui s’engage – en partant d’une conscience forte de sa propre culture et de ses traditions – dans la vie contemporaine avec ses problèmes globaux, politiques, sa croissance technologique et sa vulnérabilité écologique.

Sous le vocable Performance Klub, qui renvoie à la première initiative commune de performeurs indonésiens en 2003, le S.M.A.K. réunit des artistes de différentes générations du pays. Le musée invite des pionniers, tels qu’Arahmaiani et Iwan Wijono, des performeurs de réputation internationale comme Melati Suyrodarmo et il les met en relation avec de jeunes artistes qui montent, comme 69 Performance Club et Padiak qui pratiquent la performance comme une plateforme de recherche expérimentale. Le programme comporte aussi bien des performances existantes que nouvelles. Elles sont disposées dans un espace qui portera dans le temps les traces des représentations successives.

L’artiste Setu Legi crée dans ce cadre une peinture murale qui embrasse comme une accolade les contributions des performeurs.

Depuis 1969, Europalia Indonesia organise des biennales d’art autour de pays hôtes en alternance. Cette année, elle est consacrée au riche patrimoine d’Indonésie, un pays qui a traversé une importante évolution politique, culturelle et économique au cours des vingt dernières années.