De début juin à fin juillet, les galeries de Bordeaux et Paris présenteront simultanément une exposition exceptionnelle de l’artiste allemand Rolf Julius, pionnier dans le domaine de la sculpture sonore, intitulée Landscapes.

Disparu en 2011, Rolf Julius (né en 1939) est une figure majeure du Sound art. Modeste et poétique, son œuvre, apparue à la fin des années 1970, se situe à la croisée de la sculpture et de la musique. Elle crée « un espace musical avec des images et un espace imagé avec la musique », dans un rapport étroit avec la nature et le monde. L’exposition Landscapes, qui se tiendra du 4 juin au 27 juillet à Bordeaux et du 6 juin au 27 juillet à Paris, présentera une série de pièces importantes qui ont attrait au paysage et à son abstraction.

Né dans le nord de l’Allemagne, Rolf Julius suit tout d’abord une formation classique dans le domaine des Beaux-arts. A la fin des années 70, il découvre petit à petit certains compositeurs contemporains (notamment La Monte Young à l’occasion de festivals ou à la radio) et s’engage plus avant dans des performances sonores qu’il réalise dans des parcs publics ou des contextes alternatifs. Ainsi, au début des années 80, il met déjà en place les bases d’un travail dans lequel l’espace sonore est privilégié : il explore de manière expérimentale les possibilités qu’offrent les techniques de diffusion du son, mais déjà (et ce sera une constante dans son attitude) les œuvres se développent dans un souci permanent de relation avec l’espace du monde, et avec la nature.

Les années 1983-1984 marquent un moment important dans la vie de l’artiste qui part vivre à New York.

Il rencontre alors la plupart des artistes et compositeurs essentiels dans le domaine de l’avant-garde expérimentale, notamment John Cage mais aussi Takehisa Kosugi, qui restera pour lui désormais un véritable maître. La fréquentation de toute cette époque d’effervescence intellectuelle et artistique aux États-Unis lui permet de confronter sa courte histoire personnelle à celle qui se développe outre- Atlantique depuis plus de vingt ans. Son œuvre n’est désormais plus isolée et elle trouve dès son retour en Europe une audience nouvelle. Mais c’est au Japon que le travail va être très rapidement reconnu et accueilli avec enthousiasme : l’artiste y est régulièrement invité pour des concerts-performances et des expositions où il peut montrer ses dessins et ses sculptures. La relation à ce pays n’est cependant pas un hasard : il y a dans le travail de Rolf Julius un extrême souci de précision formelle et d’élégance qui tient aussi à la place que le vide occupe dans les œuvres. Un lien évident avec la culture japonaise classique se retrouvera dans la manière d’intégrer des bols ou récipients de cuisine quotidiens comme diffuseurs sonores, mais surtout dans les nombreuses occasions d’installer ses « petites musiques » (Small Music est le titre du recueil de ses textes paru en Allemagne) dans des jardins traditionnels.

L’œuvre de Rolf Julius est présentée pour la première fois en France en 1980 à Paris (Ecouter par les yeux, Arc, Musée d’art moderne de la Ville de Paris), au Centre d’art la Criée à Rennes (1988), puis l’artiste sera régulièrement à Grenoble (Broken Music, Le Magasin, 1989-1990), Lyon (Musique en scène, 1996), Dijon (Frac Bourgogne, 2001) et Paris (Galerie Lara Vincy, 1997 et 2002) dans des expositions personnelles et des festivals de musique contemporains. La plus large présentation de son travail a eu lieu au Frac Limousin en 2003. Il est présent dans de nombreuses collections publiques françaises.

En 2012, la galerie cortex athletico consacre un espace permanent aux archives de Rolf Julius. Cette « salle des archives » est ouverte sur demande. Le dossier de l’artiste, ses catalogues d’exposition ainsi que les disques de ses créations sonores y sont consultables.