Le mariage constitue après la naissance biologique et sociale un autre temps fort de la vie sociale et humaine du peuple Sakalava. Dès la tendre enfance, le Sakalava est initié au mariage. Le jeune homme choisit, la jeune fille accepte : tel est le principe fondamental à moins qu’il ne s’agisse d’une princesse. Les critères de choix sont de trois ordres : juridique, esthétique, et axiologique. Le premier critère, le plus important de tous et de loin demeure l’interdit de l’inceste. Tant que les partenaires arrivent encore a établir ensemble leur arbre généalogique commun, même s’ils remontent jusqu'à la dixième generation ascendante, ils sont encore frappés par les tabous de l’inceste, atambo sady loza.

Le jour du mariage est fixé par le devin ou ampisikidy na Moasy. Autant que faire se peut, il se passera un jour faste pour les deux clans sont issus les jeunes et futurs époux. Les invitations commencent un mois avant la date fixée et indiquée. Les Sakalavas célèbrent le manenga (épouser) en deux temps, d’abord chez la jeune fille ensuite chez le mari. Les festivités commencent dès la veille pour se prolonger le lendemain par les joro, le grand festin, les chants et les danses.

Toutes l’expédition forte des membres de la grande famille du garçon débarque la veille du jour indique dans le village de la jeune fille. Tandis que celle-ci se trouve d’abord dissimulée par ses sœurs ou cousines parallèles patrilatérales ou matrilatérales, les hôtes sont introduits dans la maison paternelle. Les échanges qui comprennent les salutations, l’expose des motifs du déplacement et l’offrande de la dot débutent alors et la séance est rarement levée avant une heure. Quant aux zébus offerts en dot leur nombre peut s’élever parfois jusqu'à cinquante (50), autrefois ce fut un cas fréquent, aujourd’hui cela devient de plus en plus rare. A l’issue du grand dialogue d’accueil, assure par deux anciens qui représentent respectivement les époux et leur clan respectif, la mère présente la jeune fille parée de ses plus beaux bijoux et habits : elle sort de sa cachette et se montre solennellement à son prétendant. Apres encore le diner ordinaire, les festivités préparatoires au mariage commencent. La veillée dure toute la nuit. Elle est composée essentiellement de chants et de danses traditionnels. Les thèmes de fécondité et de vie font l’objet de la plupart des chansons (chants rythmés et poétiques).

Le matin après le lever du soleil, tout le village de la jeune fille se rassemble a l’ouest de l’enceinte sacrée. Hospitalité, hiérarchie et restauration vitale dans la solidarité, telles sont les idées maitresses que révèlent les grands festins chez les Sakalava. Au mariage comme à la naissance et aux obsèques, les premiers responsables organisent toujours un grand repas d’honneur ou tous les membres de l’assistance présente sont conviés sans exception. Au-delà des habitudes et des attitudes protocolaires nécessaires, il faudrait sans doute pouvoir lire aussi ici les empreintes de l’hospitalité, vertu très chère au Sakalava. Il est a remarquer, par ailleurs que les repas durant, les hommes mangent a part bien sépares des femmes qui forment a leur tour un groupe distinct des enfants. De plus, a l’intérieur de chaque entité les anciens et les aines jouissent d’un certain privilège. Et curieusement, les anciens se servent et terminent les premiers, tandis que les plus jeunes commencent après tous les ainés et se doivent de terminer en dernier lieu. Hormis les rois, les chefs de clan, les prêtres et les différents devins, le système agnatique Sakalava place, dans sa conception hiérarchique, les hommes au premier rang, les femmes au second, et enfin au dernier rang les enfants.