Dans Les villes immergées, Nicolas Floc’h étudie un mode de fabrication atypique, celui des récifs artificiels et mène un projet au long cours, entre expéditions sous-marines et recherches documentaires. Alors que pendant longtemps, la transformation manufacturière de l’agriculture a concouru au développement des villes, c’est ici le vivant, végétal et animal, qui est créé à partir d’une superstructure architecturale faite de machines sous-marines élémentaires ou habitats modulaires.

Nicolas Floc’h s’intéresse aux chaines de production au sens littéral comme au sens figuré, les analysant jusqu’à en détourner les fins habituelles et désaliéner le binôme production/ consommation. Il observe toutes les étapes, du prélèvement des matières premières, à leur transport sur le lieu de transformation, de la préparation de la matière à la réalisation du produit et son conditionnement, jusqu’à son utilisation et son recyclage. Qu’il s’agisse de la peinture en tube, de la pêche ou de la bière, Nicolas Floc’h investit le réel sous toutes ses formes et substitue à ces cycles d’évolution, des projets artistiques aux confins de la science, de la sociologie.

Dans cette nouvelle exposition calaisienne, Nicolas Floc’h présente près de quatrevingt photographies, sculptures et vidéos liées à la mer, depuis les récifs artificiels de production jusqu’aux filets de pêche qui deviennent d’étranges structures. Et suite à sa résidence de médiation et de création dans le Calaisis de janvier à juin 2015 et à sa découverte des lieux, Nicolas Floc’h expose des oeuvres inédites : La moule atomique, maquette au 1/3 d’une sculpture conchylicole en référence à l’Atomium de Bruxelles, ainsi que Lover et Déconnexion installations singulières de cordages et de câbles sous marins recyclés.

C’est près de Calais, en 1850, qu’a été posé le premier câble entre la France et l’Angleterre. Aujourd’hui, 99 % du trafic intercontinental, données et téléphone, sont transmis sous les océans et Calais contribue toujours à leur fabrication. Nicolas Floc’h rend visible la matérialité de ce que l’on décrit souvent comme « dématérialisé » et souligne le geste tout en rondeur du lover, qui enroule et déroule le câble comme le pêcheur ses cordes.

Une sculpture surréaliste et burlesque, oeuvre in situ réalisée pour le site des 2 Caps près de Wissant de Nicolas Floc'h est également visible du 20 juin au 20 septembre dans Slack ! 2 caps art Festival.