Le mouvement n'existe pas ; le monde est un rêve ; le monde est ma sensation ; l'idée de l'homme est plus réelle que l'homme concret de chair et d'os ; les objets n'existent que tant que quelqu'un les perçoit ; l'espace et le temps sont des formes pures a priori de la sensibilité ; l'esprit peut exister sans le cerveau ; notre esprit est immortel ; les animaux sont des machines ; notre cerveau-esprit est un ordinateur ; les symboles permettent de construire des mondes ; le Moi Absolu Infini... etc. Quiconque connaît ne serait-ce qu'une partie de l'histoire de la philosophie idéaliste pourra facilement allonger cette liste d'absurdités.

Il n'est pas nécessaire d'être Sancho Panza, il suffit d'être raisonnable pour être perplexe. Comment affirmer que le mouvement n'existe pas si pour penser cette proposition il faut une activité neuronale, si, pour l'exprimer à haute voix, il faut bouger la langue ? Si le monde dépend de ma sensation, comment expliquer que les choses existaient avant ma naissance et existeront après ma mort ? Comment croire que l'espace serait une forme pure a priori de ma sensibilité alors même qu’il est la demeure des choses, des animaux et des étoiles ? D'ailleurs, avec des symboles, on construit des œuvres d'art et des théories, pas des mondes. Ce qui est paradoxal dans cette situation, c'est que de telles affirmations ont été faites par des personnes intelligentes et cultivées. La folie philosophique serait-elle essentielle à la condition humaine ?

L'un des problèmes est de comprendre pourquoi le sens, la référence et la vérité d'une proposition se perdent jusqu'à céder la place au non-sens. En résumé, il existe deux grandes doctrines métaphysiques, chacune comportant plusieurs branches : le réalisme et l'idéalisme. Les réalismes et les idéalismes qui ne sont pas métaphysiques sont des philosophies tronquées. Selon le réalisme métaphysique, il existe une réalité intelligible, et cette intelligibilité est au moins partiellement connaissable. La connaissance des choses est possible parce que l'être humain est aussi naturel qu'elles. Il existe donc une sympathie, au moins partielle, entre l'organisme humain et les choses, « le semblable est connu par le semblable » (Empédocle).

En fin de compte, la signification, la référence et la vérité d'une proposition sont données par la réalité naturelle. La vérité et la fausseté sont la correspondance ou l'absence de correspondance entre ce qui est affirmé et le fait réel. Dans certains cas, cette relation entre le langage ou un système de symboles et les choses ou les faits réels est claire ; dans d'autres, cette relation commence à s'obscurcir à mesure que l'on monte dans l'échelle de l'abstraction. C'est pourquoi, par exemple, certains pensent que les mathématiques, y compris la géométrie la plus proche du visible, sont fictives.

Or, l'une des principales sources de ces absurdités est l'axiome idéaliste selon lequel il n'existe pas de réalité intelligible. Nous vivrions enfermés dans notre intériorité et ne pourrions parler que d'objets constitués par nos facultés, et non de choses naturelles. La notion d'abstraction à partir du monde sensible disparaît. Ainsi, la vérité ne consiste pas à comparer ce qui est affirmé avec des faits réels extérieurs à notre esprit, mais plutôt à obtenir une cohérence avec ce que l'on pense, à élaborer des conventions pratiques, des idées et des propositions utiles en fonction d'un projet donné. Attendu que de ce point de vue il est inutile de rechercher une correspondance avec les choses telles qu'elles sont, on suppose que la vérité est relative aux circonstances de la pensée. Elle change d'une société à l'autre et d'une période culturelle à l'autre. On comprend que l'abandon de la métaphysique réaliste et naturaliste soit une voie privilégiée vers l'absurdité.

Une autre voie vers l'absurdité est la pratique consistant à généraliser en commettant le sophisme de quantification, c'est-à-dire l'application d'une idée vérifiée localement à tout un domaine : on pousse un raisonnement jusqu'à ses dernières conséquences. Une autre source d'absurdités consiste à confondre l'univers du discours avec l'univers réel, ce qui appartient au symbole avec les propriétés des objets naturels. Ainsi, du fait qu'il existe deux langages, l'un psychique qui décrit le mental et l'autre physique qui se réfère au matériel, on en a conclu qu'il existe deux mondes parallèles. Certains croyants pensent que grâce à une œuvre divine bienveillante il existe entre le physique et le mental une harmonie préétablie. Et d'autres chercheurs, encore attentifs à la culture ou aux formalismes mathématiques, ont ajouté un troisième monde, le monde culturel ou mathématique (voir par exemple les mondes de Karl Popper ou de Roger Penrose).

Partant de l'observation selon laquelle pour connaître une propriété d'une chose celle-ci doit être stable, immobile, on en est venu à affirmer que seul l'immuable existe ; ou bien que les entités immuables, comme les objets mathématiques, sont plus réelles que les corps en mouvement. L'idée de l'homme serait alors plus réelle que l'homme concret en chair et en os. L'erreur réside dans le fait que le critère de la connaissance humaine devient le critère de la réalité, alors que, à l’inverse, la réalité doit s'imposer à la connaissance. L'homme, suivant Protagoras, s'autoproclame « la mesure de toutes choses ». Le relativisme et l'anthropomorphisme s'imposent avec plus ou moins de force selon les interprétations. Certains penseurs ont directement regardé le problème de l'absurde en philosophie, et les solutions ont été aussi simplistes que les formulations du problème. Il en résulte que tant le diagnostic que la valeur des solutions sont limités.

La philosophie étant, entre autres, une forme de discours, il est clair que le non-sens de certaines idées est dû au fait que l'homme, être fini et faillible, un corps capable d'entrer en contact avec le sensible, utilise le langage pour parler de ce qui n'est pas sensible. De façon énigmatique l’évolution biologique a donné lieu à l’émergence d’une imagination et d’un langage avec lesquels il est possible de se poser des questions qui restent sans réponse vérifiable.

Les théories sont le fruit de l’imagination, et dans ce domaine il n’est pas facile d’effacer les bizarreries antinaturelles. L'être humain a succombé à la tentation de faire des affirmations sur l'origine et la fin de l'Univers en se trompant lui-même, c'est-à-dire sans vouloir se rendre compte que lorsqu'il va au-delà de ce qui lui est accessible compte tenu de ses propriétés d'animal humain, la connaissance devient rapidement une simple croyance symbolique : on a foi en l'imaginable grâce au langage naturel et aux formalismes mathématiques. L'homme aime parler de l'esprit et de la liberté comme s'il avait l'expérience de ces objets ou processus, ce qui n'est pas le cas. « Nous sommes faits pour ignorer que nous ne sommes pas libres » (Paul Valéry, Cahiers, I, p. 498).

David Stove et sa réaction face aux folies philosophiques

Après avoir examiné la rationalité de l'induction (cf. The Rationality of Induction, Clarendon, Oxford, 1986) et nous avoir fait sourire en nous montrant en quoi consiste l'irrationalisme de Karl Popper et de ses disciples (cf. Popper and After: Four Modern Irrationalists, Pergamon Press, Oxford, 1982), D. Stove (1927-1994) a pris la plume pour généraliser ses attaques contre l'absurdité de la philosophie traditionnelle. Le résultat, appréciable, est The Plato Cult, Basil Blackwell, Oxford, 1991. (En intitulant mon bref essai « Folies philosophiques », j'ai emprunté un mot au sous-titre du livre de Stove : And Other Philosophical Follies).

Il s'agit, reconnaît D. Stove, d'horreurs pour lesquelles il n'existe aucune évidence, d'inventions des idéalistes, héritiers des préoccupations religieuses et théologiques. Et comme s'il n'était pas clair que l'origine de l'idéalisme se trouve dans la religion et la théologie, l'auteur rappelle que Kant a écrit qu'il fallait abolir la connaissance pour faire place à la foi. Toute personne familiarisée avec l'histoire de la philosophie médiévale sait que l'idéalisme a commencé en mettant l'accent sur le sujet. Il est né au Moyen Âge, en particulier dans la pensée de Saint Augustin. Avec lui, l'être humain devient une intimité non naturelle et on prétend qu'elle est l'origine de la connaissance. La conséquence immédiate de la croyance en cet enfermement dans l'intimité du sujet est l'impossibilité humaine de connaître les choses telles qu'elles sont en soi. Cela va à l'encontre de l'attitude réaliste et naturaliste selon laquelle, comme nous l'avons vue, on part des choses naturelles. Ensuite les idéalistes modernes plus ou moins religieux, plus ou moins intéressés par les questions théologiques, maintiennent telle quelle la priorité du sujet dans les problèmes métaphysiques et gnoséologiques.

Je tiens à souligner que José Ortega y Gasset dirait que les idéalistes — parmi lesquels Descartes, Malebranche, Leibniz, Kant, Fichte, Schelling, Hegel — sont « ontophobes », ils ont horreur de la réalité, tandis que les réalistes sont « ontophiles », ils aiment la réalité. Stove aurait apprécié cette observation. Le résultat, pense Stove, est que notre santé mentale se dégrade. Avant lui, Bertrand Russell considérait le manque de respect envers ce que tant de gens croient et acceptent comme l'une des trois conditions nécessaires à l'élaboration d'une bonne philosophie. Les deux autres seraient d'être bien informé scientifiquement et d'avoir du talent personnel (ce dernier ne dépendant pas de soi).

La dénonciation de D. Stove découle d'une attitude qui superpose le positivisme, le naturalisme et le matérialisme, point de vue partagé, dit-il, par la plupart des penseurs anglo-saxons contemporains. Ces doctrines seraient inscrites dans le sens commun et dans l'utilisation raisonnable du langage naturel. On reconnaît donc que l'homme est, entre autres, un mammifère terrestre diurne, l'animal le plus intelligent que nous connaissons. Cependant, il naît, se développe et meurt comme les autres animaux. Étant donné que tout le monde reconnaît cette vérité et que, malgré cela, beaucoup continuent à défendre des thèses idéalistes, il s'ensuit que ces personnes mènent une double vie, en toute sincérité.

À ceux qui pensent que les philosophes idéalistes doivent avoir de bonnes raisons de croire en leur doctrine, l'auteur fait remarquer que celle-ci ne repose pas, au sens strict, sur des raisonnements justifiés, sur des arguments vrais, mais que (voici un réflexe positiviste de D. Stove) tout cela est l'expression de leurs sentiments. Il s'agit de textes dogmatiques, même si la forme extérieure de leurs philosophies ne l'indique pas clairement. S'il y a un argument, sa forme est triviale et tautologique : si p, alors p. Rappelons que pour la tradition positiviste, seuls les énoncés mathématiques (analytiques) ou empiriques pouvant être vérifiés au moins indirectement, partiellement et en principe ont une signification cognitive. Tout autre énoncé est absurde, et la métaphysique ne serait rien d'autre que la manifestation d'un état émotionnel face au monde.

Je tiens à souligner que D. Stove ne pense qu'à la métaphysique irrationnelle déconnectée de la science. Je pense pour ma part que la métaphysique rationnelle n'est pas l'expression de nos émotions : elle précède la science, elle lui est sous-jacente et la prolonge. C'est ainsi que je conçois la philosophie de la nature, c'est-à-dire comme l'élaboration d'un système métaphysico-scientifique, logiquement cohérent et où tout ce qui existe trouve sa place. Étant donné que la nature est un réseau compact aux causes multiples et variées, elle est continue, et l'objectif du système métaphysico-scientifique est de décrire et d'expliquer cette unité continue. Toute autre métaphysique est mêlée de mythes ou d'élucubrations fantastiques.

Le réalisme du bon sens commun de D. Stove n'est ni scientifique ni scientifiquement vérifiable. Le réalisme scientifique est un autre nom pour le scientisme : on considère que la science expérimentale et la technoscience sont omnipotentes, qu'elles ont le dernier mot sur toutes nos interrogations.

Le bon sens précède la science. Cependant, existe-t-il un sens commun universel ? Quelles sont les vérités qui s'imposent par leur évidence de telle sorte qu'il est impossible de ne pas les reconnaître comme telles ? Le bon sens a une longue histoire depuis les débuts de la philosophie moderne au XVIIe siècle et peut être envisagé de deux manières : (I) il est en grande partie le résidu de découvertes. Par exemple, on ne pense plus aujourd'hui, comme le croyaient tant d'anciens, que le centre de l'esprit est le cœur et que la fonction du cerveau est de refroidir le corps. (II) Le bon sens est constitué de preuves sensibles et empiriques incontestables contre lesquelles aucun sceptique ne peut rien faire.

« Personne ne peut nier que j'ai une main » (G.E. Moore), et compte tenu de l'empirisme inscrit dans le sens commun, il semble à B. Russell que depuis Locke, seuls les Britanniques possèdent ce sens commun. C'est donc probablement sa conception du sens commun qui conduit D. Stove à caractériser son naturalisme par un nombre restreint d'évidences et de leurs conséquences, dont le plus petit dénominateur commun est, par exemple, le fait que l'homme est un mammifère terrestre.

L'auteur ne le dit pas, mais nous devrions également exiger de la science qu'elle n'aille pas à l'encontre du bon sens. Selon plusieurs spécialistes de la mécanique quantique, les objets qu'ils étudient existent tant qu'ils sont observés et se comportent d'une manière ou d'une autre selon la façon dont ils sont examinés, un relativisme bien connu depuis longtemps par les sondeurs dans les questions sociales. Certains biologistes pensent que le système nerveux central est fermé, raison pour laquelle le monde extérieur, les autres personnes, la communication, ne seraient qu'un rêve élaboré en interne : Berkeley ressuscité.

De plus, on constate que beaucoup de physiciens d'aujourd'hui sont superficiels et allergiques à la métaphysique. D. Stove fait remarquer — avec humour — que, de nos jours, pour eux, ce qui est fait n'est pas de la physique si ce n'est pas divertissant, si ce n'est pas amusant. Considérons entre autres les noms choisis pour les particules élémentaires. Nous ne vivons pas à l'époque de Bach ou de Beethoven, mais à celle de Cole Porter. Comment expliquer cette frivolité ? Probablement parce que les physiciens ne tirent plus leurs problèmes de la perception naturelle. Ils se sont trop éloignés de nos problèmes vitaux. Leurs découvertes ne sont souvent vérifiées et appréciées que par quelques équipes de recherche, que l'on peut compter sur les doigts d'une main et dont le maintien coûte une fortune.

Convaincu de la nécessité urgente d'une nosologie de la pensée, D. Stove montre, avec un tel diagnostic, les traces laissées en lui par Wittgenstein. Le qualificatif d'absurde, d'absence de signification cognitive qui prétendait décrire la métaphysique traditionnelle est désormais remplacé par l'idée de folie, de maladie mentale. L'auteur est conscient qu'il n'existe pas d'anomalie mentale unique contre laquelle il existerait un remède unique, comme l'ont cru les empiristes et les positivistes, de Hume à Carl Hempel.

Il ne suffit pas non plus d'exiger l'analyticité ou la vérification pour écarter nos esprits de l'absurdité. Par moments, D. Stove s'inquiète et se sent mal à l'aise de ne pas trouver clairement les failles des discours dépourvus de sens. Elles sont nombreuses et de nature différente. Ce qui est étrange chez Parménide n'est pas la même chose que chez Descartes, chez Leibniz ou chez Hegel, et ainsi de suite. Mais cette multiplicité de détours n'empêche pas de trouver dans le présent ouvrage ce leitmotiv : une grande partie des absurdités sont des atteintes commises contre le langage naturel. Au début du XXe siècle, les premiers philosophes analytiques avaient présenté un diagnostic similaire.

Fidèle à la tradition positiviste, D. Stove agit d'abord comme un destructeur. Willard Van Orman Quine affirme que l'objectif principal de The Plato Cult est le charabia de la philosophie européenne. Pour ma part, je peux témoigner qu'en France, à quelques exceptions près, la prose philosophique du XXe siècle à nos jours, au début du XXIe siècle, n'a pas tellement hérité de l'admirable sagesse, de la clarté et de l'esthétique de ses prédécesseurs français en science et en philosophie. Cela dit, W.V. Quine semble oublier que deux des sept essais de D. Stove dans ce volume sont dirigés contre la philosophie américaine récente, Philosophy and Lunacy: Nelson Goodman and the Omnipotence of Words et Always apologize, always explain: Robert Nozick’s War Wound.

Prenons le cas de N. Goodman. Radicalisant le pragmatisme de W. James, il veut nous faire croire que les symboles (mots, sons, couleurs) permettent de construire des mondes — absurdité que j'ai déjà mentionnée — alors que l'on sait qu'il existe un monde doté des propriétés que la métaphysique et la science tentent de décrire et d'expliquer. Et je propose d'ajouter à la liste des folies l'affirmation de W.V. Quine lui-même : « Être, c'est être la valeur d'une variable », version logique des idées, non moins absurdes, selon lesquelles seul existe ce dont on peut parler, ou que les limites du monde sont les limites du langage ou les limites des formalismes logico-mathématiques.

Le caractère significatif de la philosophie naturaliste et réaliste

La proposition positiviste de renoncer à la métaphysique au nom de la science a pour conséquence indésirable non seulement de nous enfermer dans un horizon immédiat, mais aussi de vider la science elle-même de son sens. Le philosophe cherche à voir loin et s'intéresse non seulement à ce qui est actuel, mais aussi au potentiel d'où émerge ce qui est actuel.

Il existe deux types de science : les sciences théoriques, qui visent à comprendre les phénomènes, et les sciences pratiques, qui visent le bien-être. La science théorique perd tout son sens si on lui enlève ses racines métaphysiques. À contre-courant du positivisme qui cherche désespérément des critères, des règles ou des normes de scientificité ou de signification cognitive, il est préférable d'aborder la métaphysique de manière véritablement positive en appliquant un principe de générosité, c'est-à-dire en essayant d'abord de voir ce qu'elle a de nécessaire et d'explicatif.

Enfin, qu'est-ce que la philosophie et à quoi sert-elle ? Après avoir nettoyé et préparé le terrain, il faut construire. Il faut reconnaître que depuis l'Antiquité, les réalistes et les naturalistes ont imaginé et conçu des idées et des métaphores appropriées, profondes et d'une grande portée. Ils ont été, sont et seront des penseurs qui collaborent de manière significative avec le bon sens, la science et la métaphysique.

L'aristotélisme est une illustration éminente de la théorie naturaliste et réaliste. Celui d'Aristote, et non celui de l'aristotélisme médiéval :

Le Philosophe n'a jamais reproché aux naturalistes d'être naturalistes à l'époque, et il était lui-même le plus grand d'entre eux... Aristote était un naturaliste beaucoup plus pur que ses disciples ne l'ont soupçonné. (George Santayana, Dialogues dans les limbes, « Le secret d'Aristote »).

Deux autres exemples très précieux de naturalisme et de réalisme sont l'atomisme mécaniste de Leucippe et Démocrite et la physique et la métaphysique continuistes des stoïciens grecs. L'aristotélisme, l'atomisme, le mécanisme et le continuisme stoïcien sont constitués d'intuitions profondes et d'une grande portée, actuellement renouvelées et renouvelables.

La métaphysique n'est pas nécessairement l'expression de nos émotions, mais, comme je l'ai dit, l'antécédent et le prolongement rationnel de la science. Elle ne sépare pas le sujet de la nature. La séparation est l'une des sources inépuisables d'absurdités idéalistes. L'homme est un nouveau venu dans un monde qui lui préexiste. Ces propositions ne sont pas des folies philosophiques. D. Stove serait d'accord.

En somme, toute personne animée par le besoin de comprendre quelque chose en profondeur finit par reconnaître que la science et la métaphysique, toutes deux teintées d'une touche de folie, sont inévitables. C'est un fait qui inspire le respect et la contemplation.