« Parce que Blanche, elle, n’est pas, n’est pas un personnage de roman, une Marie-Noire.
Je ne l’imagine pas, je vous dis, je ne l’invente pas.
Je la cherche à tâtons dans mes ténèbres »
Aragon

La galerie Alberta Pane est heureuse d’accueillir à partir du 11 septembre 2014, dans son nouvel espace situé au 64 rue Notre-Dame de Nazareth, l’exposition Blanche ou l’oubli sous le commissariat de Léa Bismuth (texte critique disponible à partir de septembre).

La mémoire et l’oubli, le blanc et le noir, la force et la fragilité, le sommeil et la veille se rencontrent à travers cette exposition regroupant huit artistes et présentant photographies, installations, vidéos, dessins et sculptures.

« Tout commence par un livre lu, feuilleté dans une vieille maison, près d’une fenêtre grande ouverte sur l’horizon, il y a une dizaine d’années. Mystérieuse impression laissée par un livre, murmure qui accompagne le lecteur longtemps après avoir fermé l’ouvrage. Cette exposition cherchera à rassembler les bribes et fragments témoignant d’une lutte contre le temps et contre l’oubli. Ça et là, des indices seront disposés. Des traces d’un passage. Des enchâssements d’espaces et de temporalités. Une écriture en mouvement avant de se figer.

Blanche ou l’oubli : le titre de l’exposition reprend explicitement celui du roman d’Aragon publié en 1967. Dans ce texte au statut ambigu, le récit se trouve mis dans une situation de crise, entre quête autobiographique et fiction romanesque impossible. Le narrateur perd progressivement le contrôle sur son livre, devenant le jouet d’une femme imaginée. Celle-ci, qu’elle se prénomme Blanche ou Marie-Noire, n’est autre qu’un prisme protéiforme à travers lequel Aragon parie sur sa propre histoire d’amour : « Blanche, pour faire oublier Elsa à Elsa », écrit-il à la fin de l’ouvrage.

Mais, Blanche n’existe pas, et du grand roman racontant tout comme on cherche à recoller les morceaux de l’existence diffuse, il ne reste que l’esquisse désespérée, l’énumération, l’excès de vouloir tout rassembler et la folie déroutante du constat.

On dit de certaines nuits qu’elles sont blanches, sans sommeil. Ce sont les plus terribles et les plus spectrales, mais aussi celles qui favorisent la concrétion des idées, des poèmes et des oeuvres. Et, tous à leur manière, les artistes de l’exposition savent dire ces moments nourris par la faim et l’épuisement où les persiennes s’entrouvrent, et les vies se font clandestines. »

Léa Bismuth

Les artistes dans l’exposition

Sandra Aubry & Sébastien Bourg: « nous attirent, nous charment et nous séduisent avant de nous perdre dans ce Iabyrinthe de symboles détournés et de systèmes de références mis à mal, déconstruits puis reconstruits. Ils jouent avec nos nerfs, ne nous laissent jamais en paix, amorçant un questionnement incessant et une insatisfaction, une frustration toujours renouvelées. »

Extrait du texte d’Anna Milone: « En suspens » paru dans The Modern Directory N°01, janvier 2014

Charbel-joseph H. Boutros: « pense l'obscurité autant comme une expérience physique qu’un espace physique. L'obscurité efface nos différences, efface le temps, efface le présent. C'est une expérience naturelle vitale; liant la préhistoire à l'avenir, notre origine à notre mort. »

Extrait du communiqué de presse sur l’exposition « Crisis Practice », juin 2013, Workshop Gallery, Beirut (LB)

Gayle Chong Kwan: « ce qui intéresse Gayle Chong Kwan ce sont les grandes machines à illusions et à création de mondes parallèles devant lesquels, sans voix, comme les enfants, nous regardons un monde enchanté, oubliant la distance qui nous sépare de lui, avec la ferme volonté d’y croire, de se laisser prendre par l’artifice du rêve. Elle pense au diorama de Louis Daguerre, aux expériences théâtrales immersives et fascinantes qu’il faisait vivre aux spectateurs ; et se réfère à la grande tradition de la lanterne magique ; à l’émerveillement devant l’autonomisation de la lumière projetée, transportant, dans son faisceau, des formes mouvantes, ayant l’apparence même de la vie.»

Extrait du texte de Léa Bismuth «Si l’oeil pouvait toucher la Lune », septembre 2013

Marie Denis présente son nouveau travail de Variation sous-verre d’aigrettes de pissenlits, des lamelles de laboratoire herborisées, réalisées en divisant l’épaisseur des aigrettes et de leurs tiges. Elle vise à exprimer au plus près leur gracilité en cherchant un point de délicatesse absolu qui semble galvaniser le végétal.

Marco Godinho: « en jouant des phénomènes d'apparition et de disparition dans son oeuvre, Marco Godinho s'intéresse aux frontières complémentaires entre le visible et l'invisible, le tangible et l'aléatoire, l'aller et le retour pour, au final, questionner notre rapport à la vie, l'idée même de présence et d'absence, de mémoire et de réminiscence, du temps qui passe et de la recherche infinie de sens dans un monde de plus en plus incertain. »

Extrait du texte de présentation de l’exposition Invisible More Visible More Invisible, au Casino du Luxembourg, 2013

Marcela Paniak, à propos de la série « Elysium », 2013: « Ces oeuvres sont constituées de photos-cartes de visite ornées de fleurs séchées. Les champs Élysées sont le lieu mythologique où demeurent les âmes bénies des morts. Elles sont entourées de lyres invisibles qui jouent de la musique, de peupliers et d’asphodèles, fleurs symbolisant la mort, le chagrin, la mélancolie et l’éternité. »

Marcela Paniak, Les Rencontres d’Arles, 2013

Hiraki Sawa: « les films de Sawa rappellent bien souvent ceux, post-surréalistes, de Maya Deren — que l’on pense à Meshes of the Afternoon ou à At Land (1944) : l’énigme et le quotidien se rencontrent, l’errance et le mouvement de la pensée deviennent les supports d’un jeu kaléidoscopique d’effacement des frontières entre « le réel et son double ». Le souvenir est à la fois trace laissée, fossilisée, mais expérience vécue au présent, dans une chute vertigineuse de tout instant. Et le temps devient alors une hypothèse, une simple porte ouverte sur l’oubli. »

Extrait du texte de Léa Bismuth, Introducing Hiraki Sawa, artpress, 2014

João Vilhena: « les dessins de João Vilhena tendent à une certaine monomanie tant son sens du détail et son habilité pourraient y confiner.[...] Il est bien question de cela chez João Vilhena lorsqu’il entreprend de dessiner non seulement un motif sur une feuille blanche, mais aussi la feuille sur laquelle ce dernier se trouve dessiné. Dessin dans le dessin, fenêtre qui en ouvre une seconde... sur un monde imaginaire fait de papier où les métaphores se renvoient les unes aux autres. »

Extrait du texte de Lydie Marchi (Juin 2010) issu du dossier de presse de son exposition personnelle "Il n'y a pas de mots comme équivalent", Saffir Galerie Nomade, Marseille

Galerie Alberta Pane

64 rue Notre-Dame de Nazareth
Paris 75003 France
Tel. +33 (0)1 43065872
info@galeriealbertapane.com
www.galeriealbertapane.com

Heures d'ouverture

Mardi - Samedi
De 11h à 19h et sur rendez-vous

Images liées
  1. Marie Denis, Variation sous-verre d’aigrettes de pissenlits, 2014, Série de sous-verre formats 20 x 30 / 30 x 40 / 40 x 50 cm, doubles verres, encadrement toilé de l’artiste, Courtesy the artist & Galerie Alberta Pane
  2. Gayle Chong Kwan, Bronze X, 2013, impressio uv sur dibond doré, contrecollé sur aluminium, 70 cm, Courtesy Galerie Alberta Pane
  3. Marcela Paniak, Elyseum serie, 2013, photographie ancienne numérisée, fleurs séchées, 60 x 40 cm, Courtesy the artist