La ville Sens, connue dans l’Antiquité sous le nom d’Agedincum, fut un centre important du peuple sénon, une tribu gauloise bien connue de l'Antiquité. En effet, dès l’époque romaine, sa situation stratégique entre Lutèce (Paris), Lugdunum (Lyon) et les provinces du nord en faisait un carrefour politique et économique incontournable. Mais la présence humaine, rime avec rites religieux, et déjà au néolithique, les Hommes ont érigé dans la région sénonaise de nombreux dolmens et sites mégalithiques. Plus récemment, au IVe siècle, la ville prend une tournure spirituelle majeure, avec l’implantation du christianisme.
Le diocèse de Sens, l’un des plus anciens de Gaule, devient progressivement un siège épiscopal important et réputé. Aux confins de la Bourgogne et de l’Île-de-France, la ville de Sens est bien plus qu’une cité provinciale. Elle fut, pendant plus d’un millénaire, l’un des cœurs battants du catholicisme Français. De l'époque gallo-romaine à nos jours, Sens a abrité des saints fondateurs, des archevêques influents, des reliques précieuses, et même des papes en exil. Cette histoire religieuse, encore visible dans les pierres de sa cathédrale et les archives de son diocèse, mérite d’être connue et révélée.
Sens est une ville d’origine gauloise devenue néanmoins très prospère sous l’Empire romain. Dès les 3e et 4e siècles, le christianisme y prend racine grâce à l’action de missionnaires venus d’Orient ou de Rome. La tradition rapporte que Saint Savinien, envoyé par Rome, serait le premier évêque de la ville, martyrisé en y annonçant l'Évangile.
Au Moyen Âge, Sens devient une « métropole » ecclésiastique. L’archevêque de Sens détient alors une autorité spirituelle sur plusieurs grands diocèses du royaume et notamment Paris ! rien que ça… Mais également Orléans, Meaux, Auxerre, Chartres, Nevers et Troyes. Il porte le titre de primat des Gaules et de Germanie, rivalisant en prestige avec Reims.
Vers 1130 débute la construction de la cathédrale Saint-Étienne, considérée comme LA première cathédrale gothique de France, antérieure à Notre-Dame de Paris. Elle s’élève sur les fondations d’églises plus anciennes et devient le symbole monumental de l’autorité spirituelle de Sens. L’édifice abrite depuis près de neuf siècles les cérémonies majeures du diocèse, les sépultures d’archevêques et un trésor d’exception. En 1164, Thomas Becket, archevêque de Canterbury, en conflit avec le roi Henri II d’Angleterre, trouve refuge à Sens. Il y réside plusieurs années sous la protection de l’archevêque Guillaume de Champagne. Même le pape Alexandre III, séjournera par ailleurs à Sens de 1162 à 1165. Ces présences transforment Sens en centre diplomatique majeur de la chrétienté. En 1140, un concile provincial se tient à Sens sous l’autorité de l’archevêque Henri Sanglier.
Plus récemment, la cathédrale de Sens conserve un trésor liturgique et spirituel exceptionnel, témoignage de sa puissance passée et de la piété des générations chrétiennes. De nombreuses reliques sont conservées à Sens : Les reliques de Saint Savinien et de Saint Potentien, et les reliques de Saint Étienne, premier martyr chrétien, patron de la cathédrale.
Le chef de Saint Jean-Baptiste fut sans aucun doute l’un des plus grands trésors de la cathédrale, qui fut malheureusement déplacé. Les vêtements liturgiques de Thomas Becket, qui y laissa son chapelet, son étole et sa chasuble, aujourd’hui visibles dans le Trésor. La châsse de Sainte Colombe, jeune martyre de Sens, vénérée dès l’Antiquité chrétienne, dont une partie des reliques est conservée à la basilique Sainte-Colombe. Et une épine de la couronne du Christ, vient compléter cette impressionnante liste. D’ailleurs, c’est non loin de là, le 10 aout 1239, au manoir de Maulny le Repos, que Saint Louis, reçoit la couronne d’épine du Christ.
Ainsi, le Trésor de la cathédrale de Sens est l’un des plus riches de France avec celui de la cathédrale de Reims. Il comprend : Des objets liturgiques médiévaux d’orfèvrerie, des manuscrits anciens, dont certains sont illustrés de miniatures précieuses, des pièces de textiles sacrés (chasubles, manipules, dalmatiques) utilisées lors des grandes fêtes religieuses, des reliquaires gothiques, en cuivre doré ou en argent, parfois émaillés, d’une très grande finesse.
A l’image de l’Yonne qui se voit « voler la vedette » par la Seine, en 1622, le diocèse de Paris est érigé en archevêché. Sens perd alors sa primatie sur la région parisienne, amorçant un lent déclin administratif. Pourtant, la foi et l’activité religieuse restent vives à Sens, portée par le dynamisme de ses évêques successifs.
La Révolution française interrompt brutalement la vie religieuse et les têtes tombent aussi à Sens ! Et ce sont toutes les statues de la cathédrale qui sont décapitées ! Cette dernière est ainsi fermée et transformée en temple de la Raison. Le culte catholique ne revient qu’en 1802 avec le règne de Napoléon Bonaparte. Le XIXe siècle marque un renouveau avec la restauration de la cathédrale, les missions paroissiales, les vocations et le retour du pèlerinage à Sainte-Colombe. Depuis, Sens est le siège du diocèse de Sens-Auxerre, qui couvre une large partie du département de l’Yonne. Il conserve son prestige symbolique, et la cathédrale Saint-Étienne reste un haut lieu du patrimoine chrétien.
Monseigneur Pascal Jean Marcel Wintzer est l’actuel évêque du diocèse de Sens Auxerre. Il est Né le 18 décembre 1959 à Rouen, ordonné prêtre le 27 juin 1987. Après des responsabilités pastorales et pédagogiques (vicaire général, séminaire Saint-Sulpice, enseignement à l’Institut catholique de Paris), il devient évêque auxiliaire de Poitiers en 2007, puis archevêque en 2012. Nommé archevêque de Sens-Auxerre par le pape François le 6 août 2024, il a pris ses fonctions le 6 octobre 2024.
Il est connu pour son engagement dans la lutte contre les abus (auteur d’un ouvrage en 2023) et pour avoir proposé l’idée d’ordonner des hommes mariés en 2019, soulignant ainsi sa volonté de réforme et de renouveau. Il préside l’Observatoire Foi et Culture de la Conférence des évêques de France.
Sa devise épiscopale est : « N’éteignez pas l’Esprit »
Sens n’est pas qu’une ville d’histoire : c’est une ville de foi vivante, où passé et présent s’entrelacent dans la pierre, les reliques et la liturgie.
Elle fut le berceau de grands saints, l’abri de papes exilés, la scène de débats théologiques fondateurs, et demeure aujourd’hui un lieu de pèlerinage, de mémoire et d’espérance. C’est en regardant la flèche de sa cathédrale que l’on comprend que Sens n’a jamais cessé d’indiquer le ciel.