Quand Laurent Lamarche réfléchit sur les origines, il pense en termes de traces. Il regarde à la fois derrière et devant, maille ensemble hier et demain, pour ensuite creuser et approfondir son œuvre poétique. Son esthétique modèle sans cesse de nouveaux objets organiques, des paysages lunaires ou nordiques dont l’aspect fait indéniablement écho à l’esthétique futuriste.

Les œuvres en plexiglass de la série Fossile magnifient le vivant ; elles suggèrent un environnement inspiré des systèmes de croissance naturels par propagation, à moins que ce ne soit des interconnexions neuronales. La configuration rhizomatique qui en émerge fascine non seulement parce qu’elle tisse des rimes formelles, mais aussi parce qu’elle efface les frontières temporelles. Les traces gravées dans le plexiglass sont-elles les témoins d’un temps révolu, incertain ou bien suspendu ?

Comme souvent, les sculptures de Laurent Lamarche résultent d’une tension entre le low tech et le high tech. Et la science-fiction n’est jamais bien loin. Ici, elles sont, entre autres, le fruit d’un assemblage de vaisseaux spatiaux modélisés (Star Wars) que l’artiste a imprimé en 3D. Peu importe que la reconnaissance soit formelle, la composition figurative est significative. Le mode d’impression, quant à lui « imparfait », dévoile un fini à la fois végétal et organique. Disposées sur des tables de « laboratoire », les sculptures semblent être en transformation. À moins qu’elles ne représentent des restes de spécimens provenant d’une fouille archéologique du futur.

La quête du territoire, des origines et les enquêtes sur le vivant se poursuivent dans la série Zone de contact. Les images de cette série ont été créées à partir de la numérisation d’une matrice générée avec une imprimante 3D. Cette matrice provient d’une impression que l’artiste a volontairement arrêtée en cours de processus, à une épaisseur de quelques millimètres. Le résultat ? Une matrice mise en valeur par la numérisation en haute résolution. Dès lors, le maillage des fils de nylon évoque la finesse et la complexité du langage cartographique. Tandis que dans Zone de contact nous observons la carte du corps humain dans un iris robotique étrangement familier, dans Territoire ductile, c’est un vaste territoire imaginaire qui se déploie.

Enfin, par la vidéo Canopée, l’artiste joue avec la tridimensionnalité pour dégager la notion de strate des limites du plan. Il explore la partie supérieure de différents arbres feuillus et résineux grâce à un logiciel de modélisation. Après avoir découpé en couches les tranches successives de la maquette (wire frame), il en propose une animation qui témoigne d’une plongée à travers les strates des végétaux virtuels. Une nouvelle fois, Laurent Lamarche cultive la poésie du territoire, à partir de sa réflexion sur les origines et les traces.