La collection de textiles du musée Guimet provient essentiellement du fonds de l’Association pour l’Etude et la Documentation des Textiles d’Asie (AEDTA) fondée en 1979 par Krishnâ Riboud à partir de sa collection personnelle. Il s’agissait à l’époque de la plus importante collection privée consacrée aux textiles d’Asie. En 1990, Krishnâ Riboud a souhaité effectuer une première donation de 150 pièces. Conformément à son souhait, en 2003, le reste de la collection – soit près de 3 800 pièces auxquelles s’ajoutent 150 objets (aquarelles, objets témoignant des techniques de tissage) – a été légué au musée qui se trouve dorénavant parmi les mieux dotés au monde dans ce domaine. Outre son importance scientifique et numérique, le legs de 2003 permet de conserver à la collection toute sa cohérence et son histoire.

Les textiles couvrent une très large période, allant de la Chine des Royaumes Combattants (475-221 av. notre ère) au XXe siècle. La quasi totalité du continent asiatique est couverte mais quatre grandes aires géographiques sont privilégiées : l’Inde, le Japon, la Chine et l’archipel indonésien. Tel qu’il est, cet ensemble est suffisamment complet pour être considéré comme une collection de référence, dans la mesure où presque tous les aspects historiques et techniques du textile d’Asie sont représentés.

Avec plus de 1600 numéros d’inventaire, l’Inde constitue le cœur de la collection. D’un point de vue technique, ce fonds est composé, en majorité, de textiles teints, imprimés ou peints : un célèbre kalamkari du XVIIe siècle, des qanât de la période Moghole, des tissus imprimés au bloc, dont des fragments du XVe siècle retrouvés à Fostat en Egypte… D’autres textiles sont brodés, pour la plupart, d’origine « populaire » : phulkari du Punjab, rumal de la vallée de Chamba, kantha du Bengale, tentures, costumes et accessoires du Gujarât. D’autres textiles dont le décor est obtenu par différents procédés complexes de tissage sont les façonnés. Parmi eux, les prestigieux lampas d’Assam, un grand nombre de costumes, des saris…

En deuxième position vient le Japon avec environ 650 numéros d’inventaire. Parmi ceux-ci, on trouve un des plus beaux ensembles de kesa, en dehors du Japon. A côté de cela on compte des costumes et textiles de la période Edo (1603-1868) notamment quelques riches kosode, mais la majorité des pièces sont d’une origine plus populaire. La Chine est représentée par quelques 580 pièces, bien souvent des étoffes inestimables comme des gazes remontant aux Tang (618-907), des soieries brochées d’or des périodes Liao (907-1125), Jin (1125-1234) et Yuan (1279-1368), ou encore de très intéressants fragments de broderie « needle loop » datant des Ming (1368-1644). S’ajoutent à cela, de prestigieux costumes de cour des périodes Ming et Qing (1644-1911), ainsi que des costumes de certaines minorités ethniques du sud de la Chine (tribus Miao et autres).

L’Asie du Sud-Est avec un peu moins de 500 pièces, dont les trois quarts proviennent d’Indonésie, constitue la part la plus ethnologique de la collection. On remarque également, une grande diversité technique, souvent fascinante : différents types d’ikat, des batiks de Java, de merveilleux songket de Sumatra… La galerie Jean et Krishna Riboud, située au premier étage du musée et consacrée aux arts décoratifs de l’Inde permet d’admirer par roulement les textiles indiens. Les autres sont visibles à l’occasion d’expositions temporaires.