Dans le cadre de la programmation conçue par le frac île-de-france au château de Rentilly, la Communauté d’agglomération de Marne et Gondoire et le frac île-de-france invitent le Centre national des arts plastiques à réaliser un projet à partir d’une sélection d’oeuvres inscrites à l'inventaire du Fonds national d'art contemporain que le CNAP a pour mission d'enrichir, conserver et diffuser.

Un été dans la Sierra, librement inspiré par l’ouvrage éponyme du naturaliste américain John Muir (1838-1914) rassemble une trentaine d’oeuvres de la collection intégrant en toute évidence l’idée de nature et le lien très direct entretenu par l’homme avec son environnement.

Militant affirmé, John Muir est une figure incontournable de la pensée proto-écologiste. S’il s’est distingué toute sa vie par ses prises de position en faveur de la préservation du paysage notamment pour la création du parc du Yosemite, ses écrits inspirants sont également une formidable exaltation d’une nature toujours plus surprenante et fascinante.

Avec Un été dans la Sierra, John Muir nous convie à une transhumance au coeur de la Sierra Nevada durant l’été 1869 ou faune et flore sont pleinement interconnectées : « Lorsqu’on tire sur un seul fil de la nature, on découvre qu'il est attaché au reste du monde ».

En suivant ce fil d’une nature qui, dans le contexte particulier de Rentilly - et son parc de plus de cinquante hectares - s’avère primordiale, l’exposition propose un nouveau paysage sensible, étrange et familier. Une promenade au coeur d’une nature recomposée et troublante, parfois sublime. Au sein du château délaissé de toute adjonction scénographique, affirmant ainsi l’un des partis pris de sa récente réhabilitation et cette relation privilégiée à l’extérieur, les oeuvres rentrent ainsi en dialogue avec la nature environnante.

Qu’il s’agisse d’un sol/sculpture en terre cuite évoquant les tréfonds du lac de Vassivière en Limousin (Dominique Ghesquière), d’une ascension ayant un arbre pour point d’orgue (Katinka Bock), de relevés minutieux de couleurs et de végétaux (herman de vries), d’une tapisserie exclusivement composée de crin de cheval (Pierrette Bloch), ou encore de l’effet d’une boule de neige préalablement colorée sur une feuille de papier (Andy Goldsworthy), ce rapport à la nature s’établit sans équivoque et le réel qui nous est rapporté s’affirme de la manière la plus directe.

Bien souvent, la logique de la démarche instituée par les artistes s’impose tout aussi clairement. Les règles et protocoles qui président à ce qui nous est donné de voir nous sont rendus à ce point lisibles que les oeuvres qui en découlent nous semblent naturelles à plus d’un titre : cassé en morceaux, un rocher est recomposé tel quel pour une opération des plus minimales (Hubert Duprat), avec force substances chocolatées, des souris sont mises à contribution pour créer d’étonnantes peintures abstraites (Michel Blazy), une armoire recueille nombre de pierres plates tels les livres d’une bibliothèque (Stéphane Thidet)... Dans bien des cas, le protocole est avant tout un jeu qui nous entraîne tour à tour du côté de l’étrange, de l’absurde et du merveilleux.

Ainsi, par ce fil conducteur aussi explicite que fondamental, Un été dans la Sierra affirme la singularité de la nature et son fort pouvoir d’évocation pour un libre vagabondage entre captations du réel et douces rêveries.