Pour sa douzième exposition de collection privée, la maison rouge invite le Français Bruno Decharme à présenter son exceptionnelle collection d’art brut.
Devenu un phénomène de mode ces dernières années, en France et dans le monde, avec un marché qui s’emballe, des foires et des galeries spécialisées plus nombreuses, des expositions d’art contemporain qui intègrent des œuvres d’art brut comme notamment la dernière Biennale de Venise (commissaire Massimiliano Gioni), l’art brut questionne. La maison rouge présente régulièrement au public des œuvres de ce corpus de l’art; Antoine de Galbert, son président le collectionne. Depuis sa création en 2004, nous cherchons à établir des ponts entre les différents champs de la création, proposant des expositions, qui mêlent art brut et art contemporain: La collection d’art brut d’Arnulf Rainer, Les inspirés, Elmar Trenkwalder et Augustin Lesage ou, qui revisitent des œuvres majeures comme celles de Louis Soutter ou Henry Darger. Il nous a semblé que le moment était venu dans le cycle dédié aux collections privées de porter notre attention sur la plus importante collection privée d’art brut au monde.
Depuis plus de trente ans, Bruno Decharme assemble sa collection. Celle-ci compte aujourd’hui 3 500 pièces, recense 300 artistes du milieu du xixe siècle à nos jours. Elle réunit des œuvres de nombreux pays, produites dans un cadre asilaire ou dans la solitude des villes et des campagnes, des productions dites médiumniques et des objets populaires qui échappent à la norme des traditions.
Cet ensemble prolonge les collections et recherches de précurseurs psychiatres comme Hans Prinzhorn, d’artistes et écrivains comme André Breton, autant de travaux que Jean Dubuffet a théorisés en 1945 sous le concept d’art brut. En déplaçant ces créations vers le champ de l’art, Dubuffet opère un changement de paradigme radical qui invite à modifier notre façon de penser l’art.
Ces artistes créent le plus souvent avec une intention tout autre que celle de produire de l’art: messages à Dieu, accomplissement d’une mission, communication avec des esprits, talismans de protection, etc.
À travers leurs visions, qui peuvent être qualifiées de délirantes, chacun d’entre eux touche une forme de savoir qui fait écho aux questions fondamentales communes à tous: « qui sommes-nous? D’où venons-nous? Où allons-nous? » Pour autant, ils ne participent à aucune filiation artistique ; souvent isolés, ils ne se connaissent pas et ne forment donc aucune école idéologique ou stylistique.
La démarche de Bruno Decharme s’inscrit dans le cadre d’un projet global, celui de collectionneur et de cinéaste de métier, mais également celui de fondateur de l’association abcd qui ouvre sa collection au public en 1999. abcd (art brut connaissance & diffusion), animée par Barbara Safarova, est un pôle de recherche, dont les travaux prennent corps à travers des publications, des séminaires, des expositions et la production de films. L’exposition présentera toutes ces facettes.
L’exposition, dont le commissariat est assuré par Bruno Decharme et Antoine de Galbert réunira une sélection d’environ 400 œuvres (dessins, peintures, sculptures, photographies, assemblages…) de 200 artistes. Présentée dans tous les espaces de la fondation, elle dessine un parcours qui fera l’objet de différentes étapes: mots-clés, thèmes agencés de façon subjective, mais tous liés par des questionnements dont le contenu est universel. Surviendront ainsi des juxtapositions inattendues, loin de la division classique qui a cours quand on parle d’art brut: les fous, les médiums, les marginaux, et qui ne concerne que le statut des auteurs.
En proie aux désordres du monde et à toutes sortes de difficultés de la vie, les artistes de l’art brut nous donnent à voir l’acte de créer dans sa littéralité.
Ces œuvres représentent autant de réponses à la question: que veut dire être sur cette terre.
Cette exposition est en quelque sorte la métaphore d’un voyage qui nous conduit de la genèse de la vie – à l’origine, le chaos – à une forme d’extase, « un savoir supérieur » délivré par ces artistes d’un genre particulier dont certains ont le dessein de sauver le monde.
Des focus seront consacrés à des artistes emblématiques de l’art brut, reconnus depuis des décennies ou récemment découverts, comme Aloïse Corbaz, Henry Darger, Janko Domsic, Hans-Jörg Georgi, Zdenek Kosek, Augustin Lesage, Alexandre Lobanov, Lubos Plny, Martin Ramirez, Judith Scott, Carlo Zinelli, Adolf Wölfli.
La Maison Rouge
Fondation Antoine de Galbert
10 bd de la Bastille
Paris 75 012 France
Tel. +33 (0)1 40010881
info@lamaisonrouge.org
www.lamaisonrouge.org
Heures d'ouverture
Mercredi, Vendredi, Samedi et Dimanche de 11h à 19h
Jeudi de 11h à 21h
Tarifs
€9 Adultes
€6 Tarif réduit (13-18 ans, étudiants, maison des artistes, carte senior)
Accès gratuit pour les moins de 13 ans, les chômeurs, les accompagnateurs de personnes invalides, les membres de l’ICOM et les Amis de la maison rouge
Images liées
- Edmund Monsiel, 1946, mine de plomb sur papier, 24 × 17,5 cm. Collection abcd
- Zdenek Kosek, entre 1980 et 1990, encre et crayon de couleur sur page de magazine érotique, 29,6 × 20,5 cm. Collection abcd
- Albino Braz, entre 1930 et 1940, mine de plomb sur papier, 31,2 x 21 cm. Collection abcd
- Alexandre Pavlovitch Lobanov , entre 1960 et 2000, aquarelle, stylo à bille, feutre et crayon de couleur sur papier, 30 × 21 cm. Collection abcd
- Fernand Desmoulin, 1900-1902, mine de plomb sur papier, 37,5 x 26,5 cm. Collection abcd
- Aloïse Corbaz, crayon de couleur sur papier, 36,9 x 99 cm. Collection abcd